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Effet du coronavirus sur l’emploi dans l’horeca à Liège

05 août 2020
Quatre collaborateurs de l’horeca sur dix encore au chômage temporaire en juin
La croissance des emplois annulée ; les jobs étudiants réduits de moitié

Bruxelles, le 5 août 2020 – En juin, à Liège, quatre travailleurs permanents de l’horeca sur dix (42,4 %) étaient encore confrontés au chômage temporaire. Il s’agit encore d’un groupe raisonnable, mais pour la première fois depuis des mois, le nombre de chômeurs temporaires dans le secteur a bel et bien baissé. La croissance du nombre d’emplois dans l’horeca à Liège a également été interrompue : elle est passée de 136,6 % durant le mois de pointe de janvier 2020 à 92,2 % en juin (pourcentages par rapport au mois de référence de janvier 2019). Les cafés et les restaurants ont été moins touchés que les hôtels et autres structures d’hébergement, avec respectivement 93,1 % et 67,6 % d’emploi. Les emplois flexibles de l’horeca, en particulier les jobs étudiants, sont la plus grande victime de la crise du coronavirus. C’est ce qu’il ressort d'une analyse sectorielle menée par le prestataire de services RH Acerta, reposant sur les données effectives d’un échantillon représentatif de 497 travailleurs actifs dans l’horeca à Liège.

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Avant le coronavirus, 37 % d’emplois dans l’horeca de plus qu’en 2019 ; pendant le coronavirus jusqu’à 8 % de moins

L’horeca était un secteur en croissance, jusqu’à l’apparition du coronavirus. Si nous prenons janvier 2019 comme référence, l’emploi dans l’horeca à Liège avait augmenté de 37,6 % en février 2020, dernier mois avant le coronavirus et mois de pointe. Cette croissance ne se manifestait pas sous la forme d’emplois flexibles, comme les jobs étudiants, dont la part est restée pratiquement identique : il s’agissait bel et bien de plus d’emplois fixes.

emploi dans l’horeca à Liège, avec janvier 2019 comme mois de référence ; part de flexi-jobs, d’étudiants et de chômage temporaire

Figure 1 : emploi dans l’horeca à Liège, avec janvier 2019 comme mois de référence ; part de flexi-jobs, d’étudiants et de chômage temporaire

Mais en mars 2020, le coronavirus est apparu et l’horeca a dû fermer ses portes. L’emploi a baissé en conséquence. Non seulement la croissance d’une année entière a été annulée, mais en avril 2020, l’emploi a même chuté 6,4 % par rapport au mois de référence de janvier 2019, pour atteindre 93,6 %. Juin 2020 a été le niveau le plus bas, avec 92,2 %, ce qui représente par rapport au mois de pointe de février 2020 une perte de -33 %, soit un tiers de moins. Les cafés et les restaurants liégeois obtiennent de meilleurs résultats que les hôtels et autres structures d’hébergement : respectivement 93,1 % et 66,7 % d’emploi par rapport au mois de référence de janvier 2019.

Avril : les jobs étudiants réduits de moitié ; 60 % du personnel permanent au chômage temporaire

Les emplois non permanents dans l’horeca à Liège ont été directement touchés par le confinement, en particulier les étudiants jobistes. Comparativement au mois de référence de janvier 2019, les jobs étudiants en avril 2020 sont passés d'une part de 47,9 % à 29,5 % ; par rapport au mois d’avril de l’année précédente, il s’agissait même d’une baisse de moitié. De plus, en avril, six collaborateurs permanents sur dix (59,8 %) ont été confrontés au chômage temporaire d’un jour ou plus.

La résilience du secteur de l’horeca sauve des emplois

Benoît Caufriez, Director Acerta Consult : « Ce n’est pas correct de mettre du personnel permanent au chômage temporaire et de garder entre-temps en service des étudiants ou des travailleurs flexi-jobs. Si un collaborateur permanent peut reprendre des tâches d’un contrat temporaire, c’est ce qui se passe en premier lieu – d’où l’impact immédiat sur la couche flexible. Mais le fait que nous ne sommes pas passés à zéro pour cent d’emplois flexibles, voire à 100 % de chômage temporaire a surtout trait à la résilience du secteur, avec des activités de l’horeca qui se sont poursuivies malgré la pandémie ou auxquelles des entreprises sont passées (pensez aux restaurants qui proposaient des menus à emporter). Le personnel de cuisine a donc bel et bien continué à travailler, de même que les coursiers. Il n’est pas rare que ces derniers soient des étudiants. »

Juin 2020 : le niveau d’emploi le plus bas, mais aussi un tournant pour le chômage temporaire

Le signal du mois de juin 2020 écoulé est encore double : d’une part, l’emploi a chuté pour atteindre son plus bas (92,2 % par rapport à janvier 2019) ; d’autre part, moins de travailleurs de l’horeca ont été au chômage temporaire par rapport aux mois d’avril et de mai.

Benoît Caufriez : « Si nous pouvons nous attendre à une reprise, nous devons d’abord le voir dans les chiffres du chômage temporaire. Ce n’est que lorsque ceux-ci auront baissé que nous verrons revenir dans l’horeca plus de collaborateurs flexibles, tels que les étudiants. Le taux de chômage temporaire a bel et bien baissé en juin : à Liège, “seulement” 42,4 % des collaborateurs permanents de l’horeca y étaient encore confrontés. Le vent semble tourner. »

Retour des étudiants jobistes attendu, pas celui des travailleurs flexi-jobs

Benoît Caufriez : « On s’attend pour les mois à venir à une poursuite de la baisse du chômage temporaire dans l’horeca. Les mois d’été sont effectivement les mois traditionnellement les plus prisés pour le tourisme et pour l’horeca, et cet effet continuera à jouer même en temps de coronavirus. Peut-être verrons-nous dès lors des étudiants revenir en renfort. En attendant, ces collaborateurs flexibles ne voient pas compensée la perte de leurs revenus complémentaires. Contrairement à la situation en Flandre, à Liège, nous voyons très peu de travailleurs flexi-jobs actifs dans l’horeca et actuellement, en ces temps de coronavirus, nous n’en voyons pas du tout. »

Pour rappel : dispense ONSS illimitée pour un 1er travailleur encore jusque fin 2020

Benoît Caufriez : « Un autre élément frappant dans nos chiffres est le pic d’emploi au début de cette année, aux mois de janvier, de février et de mars. Ce phénomène pourrait en partie s’expliquer par la prise de conscience que 2020 est la dernière année de la dispense ONSS illimitée pour un premier travailleur. Nous aimerions profiter de l’occasion pour le rappeler à l’horeca, pour qui elle pourrait être pertinente. L’avantage ONSS illimité expire en 2021 ; il reste six mois pour éventuellement encore en profiter. »

 

À propos des chiffres

Les données recueillies reposent sur un échantillon représentatif de 497 travailleurs occupés auprès d’employeurs de l’horeca de Liège et a été réalisée le 6 juillet 2020.

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