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Effet du coronavirus sur l’emploi dans l’horeca au Luxembourg

06 août 2020
Six collaborateurs permanents de l’horeca sur dix encore au chômage temporaire en juin
La croissance des emplois passe de +50 % à 0 % ; 70 % des jobs étudiants perdus

Bruxelles, le 6 août 2020 – En juin, dans la province de Luxembourg, six travailleurs permanents de l’horeca sur dix étaient confrontés au chômage temporaire. Il s’agit encore d’un grand groupe, mais pour la première fois depuis des mois, le nombre de chômeurs temporaires dans le secteur a bel et bien baissé. La croissance du nombre d’emplois dans l’horeca au Luxembourg a également été annulée à cause du coronavirus : durant le mois de pointe de février 2020, elle était encore de 155 % ; en juin 2020, ce chiffre a à nouveau chuté pour atteindre la situation du mois de référence de janvier 2019. Les cafés et restaurants luxembourgeois ont été plus touchés que les hôtels et autres structures d’hébergement ; ces derniers ont atteint une croissance, à 129 %. Les étudiants jobistes sont une victime importante du coronavirus. C’est ce qu’il ressort d'une analyse sectorielle menée par le prestataire de services RH Acerta, reposant sur les données effectives d’un échantillon représentatif de 371 travailleurs actifs dans l’horeca dans la province de Luxembourg.

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55 % de croissance des emploi annulée à cause du coronavirus

L’horeca était un secteur en croissance, jusqu’à l’apparition du coronavirus. Si nous prenons janvier 2019 comme référence, l’emploi dans l’horeca avait augmenté d’un peu moins de 55 % durant le mois de pointe de février 2020, dernier mois avant le coronavirus. Cette croissance ne se manifestait pas sous la forme de flexi-jobs ou de jobs étudiants, dont la part est restée pratiquement identique : il s’agissait bel et bien de plus d’emplois fixes.

emploi dans l’horeca dans la province de Luxembourg, avec janvier 2019 comme mois de référence ; part de flexi-jobs, d’étudiants et de chômage temporaire

Figure 1 : emploi dans l’horeca dans la province de Luxembourg, avec janvier 2019 comme mois de référence ; part de flexi-jobs, d’étudiants et de chômage temporaire

Mais en mars 2020, le coronavirus est apparu et l’horeca a dû fermer ses portes. L’emploi a baissé en conséquence. La croissance d’une année entière a été annulée ; en juin 2020, l’emploi a à nouveau chuté pour atteindre le niveau du mois de référence de janvier 2019. Par rapport au mois de pointe de février 2020, l’emploi dans le secteur de l’horeca au Luxembourg est en juin – niveau le plus bas – un tiers plus faible. Les cafés et les restaurants ont été plus touchés que les hôtels et autres structures d’hébergement : ils notent pour juin respectivement 92 % et 128,9 % d’emploi par rapport au mois de référence de janvier 2019.

Avril : il reste un quart des jobs étudiants ; huit collaborateurs permanents de l’horeca sur dix au chômage temporaire

Les collaborateurs flexibles du secteur de l’horeca ont été directement touchés par le confinement ; au Luxembourg, il s’agit surtout des étudiants jobistes. Comparativement à une année plus tôt, en avril 2020, quelque 70 % d’emplois perdus, soit une part passant de 48,5 % à 14,7 %. En avril, au Luxembourg, huit collaborateurs permanents de l’horeca sur dix (78,2 %) ont été confronté au chômage temporaire d’un jour ou plus.

La résilience du secteur de l’horeca sauve des emplois

Benoît Caufriez, Director Acerta Consult : « Ce n’est pas correct de mettre du personnel permanent au chômage temporaire et de garder entre-temps en service des collaborateurs flexibles, tels que des étudiants. Si un collaborateur permanent peut reprendre des tâches d’un contrat temporaire, c’est ce qui se passe en premier lieu – d’où l’impact immédiat sur la couche flexible. Mais le fait que nous ne sommes pas passés à zéro pour cent d’emplois non permanents dans l’horeca, en particulier des jobs étudiants, voire à 100 % de chômage temporaire a surtout trait à la résilience du secteur, avec des activités horeca qui se sont poursuivies malgré la pandémie ou auxquelles des entreprises sont passées (pensez aux restaurants qui proposaient des menus à emporter). Le personnel de cuisine a donc bel et bien continué à travailler, de même que les coursiers. Il n’est pas rare que ces derniers soient des étudiants. »

Juin 2020 : le niveau d’emploi le plus bas, mais aussi un tournant pour le chômage temporaire

Le signal du mois de juin 2020 écoulé est encore double : d’une part, l’emploi a chuté pour atteindre le niveau de janvier 2019 ; d’autre part, moins de travailleurs de l’horeca ont été au chômage temporaire par rapport aux mois d’avril et de mai.

Benoît Caufriez : « Si nous pouvons nous attendre à une reprise, nous devons d’abord le voir dans les chiffres du chômage temporaire. Ce n’est que lorsque ceux-ci auront baissé que nous verrons revenir dans l’horeca des collaborateurs flexibles, tels que des étudiants jobistes. Le taux de chômage temporaire est déjà plus bas en juin : 64  % des collaborateurs permanents de l’horeca y étaient encore confrontés. Le vent semble tourner petit à petit. »

Retour des étudiants jobistes attendu, pas celui des travailleurs flexi-jobs

Benoît Caufriez : « On s’attend pour les mois à venir à une poursuite de la baisse du chômage temporaire dans l’horeca. Les mois d’été sont effectivement les mois traditionnellement les plus prisés pour le tourisme et pour l’horeca, et cet effet continuera à jouer même en temps de coronavirus. Peut-être verrons-nous dès lors des étudiants revenir en renfort. En attendant, ces collaborateurs flexibles ne voient pas compensée la perte de leurs revenus complémentaires. » Contrairement à la situation en Flandre, au Luxembourg, nous voyons très peu de travailleurs flexi-jobs actifs dans l’horeca et actuellement, en ces temps de coronavirus, nous n’en voyons pas du tout. »

Pour rappel : dispense ONSS illimitée pour un 1er travailleur encore jusque fin 2020

Benoît Caufriez : « Un autre élément frappant dans nos chiffres est le pic d’emploi au début de cette année, aux mois de janvier et de février. Ce phénomène pourrait en partie s’expliquer par la prise de conscience que 2020 est la dernière année de la dispense ONSS illimitée pour un premier travailleur. Nous aimerions profiter de l’occasion pour le rappeler à l’horeca, pour qui elle pourrait être pertinente. L’avantage ONSS illimité expire en 2021 ; il reste six mois pour éventuellement encore en profiter. »

 

À propos des chiffres

Les données recueillies reposent sur un échantillon représentatif de 371 travailleurs occupés auprès d’employeurs de l’horeca à Luxembourg et a été réalisée le 6 juillet 2020.

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