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Débat ‘Partage de travailleurs’

14 avril 2020 Employeurs

Les décideurs politiques et les employeurs débattent des nouvelles mesures pour s’atteler au manque de personnel dans les secteurs critiques. Ils ont ainsi également partagé leur vision d’avenir concernant le partage de travailleurs et l’échange de personnel.

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Grand temps de chercher un nouvel équilibre. Le 11 avril, le cabinet restreint a pris deux mesures pour remédier à la pénurie de main-d'œuvre dans les secteurs critiques. Au cours d’un débat en ligne, les parties suivantes ont développé leur vision future du partage de travailleurs.

  • Nathalie Muylle, ministre de l'Emploi, de l'Économie et des Consommateurs
  • Wim Adriaens, administrateur délégué du VDAB
  • Chris Botterman, responsable des affaires sociales du Boerenbond
  • Deb Vansteenwegen, directrice RH de la KU Leuven
  • Jan Van Raes, directeur RH de l’UZ Brussel

Découvrez les points clés de ce tout premier débat Acerta HR Crossroads ci-dessous.

Garantir l’approvisionnement en nourriture avec maintien d’une allocation

Chris Botterman, responsable des affaires sociales du Boerenbond, explique brièvement les nouvelles mesures. « D’une part, il est désormais possible d’employer de manière flexible les chômeurs temporaires dans les secteurs de l’agriculture, de l’horticulture et de la sylviculture. D’autre part, un assouplissement des horaires de travail flexibles, du détachement et du travail temporaire a été proposé afin de faciliter la mise à disposition temporaire des travailleurs fixes d’autres entreprises auprès d’employeurs de secteurs critiques.

Le Boerenbond demande ces mesures depuis un temps certain déjà. Et ceci avec maintien de l’allocation : les chômeurs temporaires qui entrent dans ce système conservent 75 % de leurs allocations de chômage et reçoivent en outre un salaire normal par jour pour la fonction exercée.

Approche motivante nécessaire

Selon Chris Botterman, tout le monde y gagne. « Les mesures proposées engendrent une économie de 25 % pour l’ONEM. Le gouvernement reçoit un revenu supplémentaire sous la forme d’impôts et les chômeurs peuvent mettre du beurre dans leurs épinards. Et nous, nous pouvons justement trouver cette main-d'œuvre qui nous manque. »

Wim Adriaens, administrateur délégué du VDAB, soutient également ces mesures. « Les circonstances exceptionnelles appellent des mesures exceptionnelles. Nous devons exploiter le potentiel que nous laissons actuellement de côté. Toutefois, les travailleurs aussi doivent en retirer quelque chose. »

L’actuelle population d’employeurs n’est néanmoins pas en faveur d’une obligation, que ce soit pour les employeurs ou pour les travailleurs. Jan Van Raes, directeur RH de l’UZ Brussel, est du même avis : « Il n’est pas évident de déplacer les travailleurs du jour au lendemain. Il y a beaucoup de bonne volonté, mais les possibilités sont assez restreintes. Surtout dans le secteur des soins, où la spécialisation est un prérequis. »

Dans le secteur des soins, il n’y a en outre pas de demande de main-d'œuvre supplémentaire, mais on constate un glissement des hôpitaux vers les maisons de repos et de soins. « Les médecins et infirmiers ne peuvent pas être occupés n’importe où. Il faut le bon profil. En outre, vous courrez le risque de voir des personnes décrocher si vous les obligez à travailler ailleurs. Une approche motivante est beaucoup plus efficace », explique Van Raes.

Expérience créative d’employabilité durable

Depuis, quelque 3000 aides-soignants ont été mis au chômage temporaire. Pour la KU Leuven, le chômage temporaire est la dernière option à envisager. « Nos travailleurs en télétravail veulent contribuer de manière significative et totalement volontaire à la satisfaction des besoins de la société », explique Deb Vansteenwegen, directrice RH de la KU Leuven. « L’exercice de réflexion qui s’impose à nous est de marier cette demande avec l’offre. D’une part, il y a une volonté forte de notre personnel hautement qualifié d’aider, de sortir de leur isolement et de contribuer activement. D’autre part, nous constatons des possibilités d’aider dans les secteurs critiques. La question est : dans quelle mesure pouvons-nous répondre à cette volonté, avec quels partenaires et via quels canaux ? Aujourd’hui, trouver cette combinaison est notre mission. »

Jan Van Raes estime qu’une attention doit également être portée aux personnes occupées dans des secteurs non essentiels. « Je m’inquiète de la santé mentale des télétravailleurs. L’inquiétude et l’incertitude qui les rongent sont difficiles à gérer. L’image qu’ils ont d’eux-mêmes se désintègre peu à peu. En les occupant dans des secteurs critiques, les journées passent plus vite et ils retrouvent un sens. »

(In)certitudes

Chris Botterman attend beaucoup des mesures. « Toutefois, les accords entre prêteur et emprunteur doivent être clairs. Une certaine retenue est toujours exercée. La pollinisation croisée entre entrepreneurs peut pourtant être utile, même après la crise du coronavirus. Il faut bien encadrer le principe, tant pour les employeurs que les travailleurs. En outre, il faut également évaluer en profondeur chaque élément, afin que nous puissions établir un cadre réglementaire exploitable à l’avenir. »

Bref, une expérience utile dont nous pouvons tirer des leçons pour d’autres formes de flexibilité. « Ces mesures peuvent également servir d’inspiration pour d’autres systèmes d’allocation », souligne Wim Adriaens. « Quand nous tentons d’activer des chômeurs, ceux-ci font avant tout leurs calculs. De telles mesures peuvent également signifier un glissement progressif de situation d’allocation à emploi. Que ce soit aussi une chance de renforcer les compétences. »

Mesures sectorielles et orientées vers l’avenir

Selon la ministre Nathalie Muylle, les mesures prises sont graduellement modifiées. « Nous avons d’abord connu le chômage temporaire en raison du COVID-19. Aujourd’hui, 1,3 million de demandes ont été introduites. Jusqu’au 19 avril, les entreprises peuvent demander un chômage temporaire, mais un AR est en cours pour prolonger ces mesures jusqu’au 13 mai. Entretemps, nous avons résolu quelques points techniques, notamment concernant le travail intérimaire et le travail volontaire. À présent, nous allons regarder au niveau sectoriel où l’urgence est la plus pressante. La demande reste particulièrement forte dans les secteurs alimentaire, agricole, horticole et sylvicole. J’espère que les personnes vont se porter candidat, être repérées par le VDAB et être occupées par les bons secteurs et employeurs. »

En ce qui concerne une relance, la ministre donne sa préférence à une procédure automatique. « En tant que gouvernement, nous devons examiner les secteurs à relancer en priorité afin de prendre des mesures très spécifiques et, au besoin, prévoir un plan d’assistance. »

Partagez vos travailleurs avec d’autres employeurs

La possibilité de faire travailler ses travailleurs pour un autre employeur est strictement réglementée en Belgique. Il existe toutefois des possibilités.

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