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La part des travailleurs étrangers présents sur notre marché de l’emploi atteint un niveau record

15 mai 2023

Bruxelles, le 15 mai 2023 – Les entreprises belges n’ont jamais occupé autant d’étrangers que l’année dernière. Actuellement, 15,8 % des travailleurs présents sur notre marché de l’emploi n’ont pas la nationalité belge. Faits des plus intéressants : d’une part, la proportion de travailleurs originaires de pays hors de l’Union européenne a particulièrement augmenté, et de l’autre, le nombre de travailleurs étrangers de plus de 60 ans a augmenté de 30 % au sein des entreprises belges. Or, en l’absence d’une politique claire en la matière, trois entreprises sur quatre peinent à intégrer les différentes nationalités et cultures sur le lieu de travail. C’est ce qui ressort d’un rapport d’Acerta basé sur les données de 260 000 travailleurs.

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Les pénuries et la tension perdurent sur le marché de l’emploi. Nombreuses sont les entreprises qui ne trouvent toujours pas de profils adéquats pour pourvoir leurs postes vacants. Dès lors, elles se tournent de plus en plus vers la main-d’œuvre étrangère pour répondre à leurs besoins les plus importants. La proportion de non-Belges n’a jamais été aussi élevée ces dernières années qu’elle ne l’est aujourd’hui, selon une étude d’Acerta. 15,8 % de l’ensemble des travailleurs présents sur notre marché de l’emploi sont en effet des ressortissants étrangers, soit une augmentation de 6,5 % par rapport à la fin de l’année 2021. Il y a cinq ans, leur part était inférieure d’un quart.

Hausse du nombre de citoyens non européens

Le nombre de citoyens non européens, en particulier, a fortement augmenté l’année dernière. 8,8 % de l’ensemble des travailleurs ne sont pas originaires de l’Union européenne. Il s’agit d’une augmentation de 8,8 % par rapport à la fin de l’année 2021, où les travailleurs originaires d’un pays non européen représentaient 8,1 %. Cette augmentation particulière peut s’expliquer par les mesures prises par les autorités l’année dernière dans le but d’assouplir la procédure permettant à certains étrangers d’obtenir un permis de travail et de séjour.

Autre fait des plus intéressants : l’année dernière, la proportion d’étrangers actifs de plus de 60 ans a augmenté de 30 %. Il s’agit de l’augmentation la plus significative parmi l’ensemble des catégories d’âge. En nombre absolu, les trentenaires et les quadragénaires demeurent toutefois les mieux représentés parmi les travailleurs étrangers.

Illustration 1 : travailleurs, rapport Belges/non-Belges et UE/hors UE, du 31 décembre 2017 à 2022

Illustration 1 : travailleurs, rapport Belges/non-Belges et UE/hors UE, du 31 décembre 2017 à 2022

Laura Couchard, experte juridique chez Acerta Consult, explique : « Ces dernières années, il n’aura jamais été aussi important pour les entreprises de tenir compte de la présence et de l’intégration de différentes nationalités et cultures sur le lieu de travail. La diversité sur le lieu de travail est également indispensable pour faire face aux pénuries de main-d’œuvre et pour favoriser la rétention des travailleurs. Ce n’est pas une coïncidence si les entreprises elles-mêmes indiquent que la diversité figure parmi les cinq sujets les plus importants en matière de personnel cette année. Les recherches ont d’ailleurs montré à maintes reprises que la diversité était bénéfique à l’ambiance de travail et à la créativité sur le lieu de travail. »

Les hausses les plus significatives

Après les Belges, les Marocains restent la deuxième nationalité la mieux représentée sur notre marché de l’emploi. Ces derniers représentent en effet 9 % de l’ensemble des travailleurs. Plusieurs nationalités européennes complètent le top cinq : Les Français (8,2 %), les Néerlandais (7,3 %), les Roumains (7 %) et les Polonais (5,6 %).

Les deux nationalités ayant enregistré la hausse la plus importante sont les Ukrainiens (+97,7 % par rapport à 2021) et les Afghans (+13,9 %). Aujourd’hui, 1,7 % des travailleurs de notre pays sont originaires d’Afghanistan. Les Ukrainiens représentent quant à eux 1,3 % de l’ensemble des non-Belges actifs dans des entreprises belges. Ils constituent ainsi le septième groupe le plus important parmi l’ensemble des travailleurs non européens dans notre pays.

Illustration 2 : représentation en % des pays de l’UE et hors UE, 31 décembre 2022

Illustration 2 : représentation en % des pays de l’UE et hors UE, 31 décembre 2022

La plupart des étrangers sont actifs dans les secteurs du transport et de la logistique et de l’alimentation

D’un secteur à l’autre, nous constatons également une représentation inégale des travailleurs non belges. Le transport et la logistique (25,7 %) et l’industrie alimentaire (21,1 %), par exemple, emploient plus de non-Belges que la moyenne. Parmi les secteurs qui emploient nettement moins de non-Belges que la moyenne se trouvent notamment le secteur non marchand (11,6 %) et le secteur chimique et pharmaceutique (8,5 %).

Illustration 3 : part des non-Belges par secteur et par ordre décroissant, 31 décembre 2022

Illustration 3 : part des non-Belges par secteur et par ordre décroissant, 31 décembre 2022

Absence de politique concrète en matière de diversité

Bien que le nombre d’étrangers sur notre marché de l’emploi augmente d’année en année, trois entreprises sur quatre (74 %) ne possèdent toujours pas de politique en matière de diversité assortie d’objectifs concrets. Cette situation est parfois à l’origine de tensions sur le lieu de travail. 41 % des entreprises possèdent une politique dépourvue d’objectifs concrets et 33 % n’ont même pas encore de politique visant à (mieux) intégrer les différentes nationalités et cultures sur le lieu de travail.

Laura Couchard conclut : « Pour mettre en place une politique de diversité efficace, la première chose à faire en tant qu’entreprise ou qu’organisation est d’élaborer un cadre clair. Ce cadre permet de donner une orientation à une politique RH qui aborde structurellement des actions durables dans de multiples domaines tels que le recrutement, la communication interne, le développement des talents et la mobilité interne. L’inclusion, c’est donner de l’importance aux talents, voir le potentiel de croissance et fournir le soutien dont les travailleurs ont besoin pour être autonomes. »

À propos des chiffres

ACERTA s’appuie sur deux sources pour cette analyse :

  1. Les données réelles d’un ensemble de 260 000 travailleurs en service auprès de plus de 40 000 employeurs du secteur privé, auquel appartiennent tant des PME que de grandes entreprises.
  2. Les données issues de l’enquête annuelle qu’ACERTA fait réaliser par le bureau d’enquête Indiville auprès d’un échantillon représentatif de 500 employeurs. L’enquête s’est déroulée entre le 12 et le 23 janvier 2023.

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