Premières directives en matière d’IA en vigueur sur le lieu de travail
1 entreprise belge sur 3 ne dispense pas encore de formations à l’IA à ses travailleurs ou ne prévoit pas de le faire
Bruxelles, le 28 juillet 2025 – La moitié des travailleurs utilisent l’intelligence artificielle au travail, mais sept Belges actifs sur dix estiment qu’il n’existe pas encore de règles claires dans leur organisation concernant l’utilisation de l’IA. C’est ce que révèle une enquête menée par l’expert RH Acerta Consult auprès de plus de 2000 travailleurs et de 500 entreprises dans notre pays. « Les employeurs ont conscience d’être en partie responsables des compétences numériques de leurs travailleurs, mais de nombreuses entreprises ont encore du mal à mettre en pratique le règlement européen », déclarent les experts d’Acerta Consult.
43,1 % des travailleurs ne savent pas s’ils sont autorisés à utiliser des outils d’IA pour leur travail
Le 2 février 2025, les premières mesures du règlement européen sur l’IA sont entrées en vigueur dans notre pays. Ce dernier impose des règles uniformes pour l’utilisation de l’IA sur les lieux de travail européens. Ainsi, les employeurs doivent veiller à ce que leurs travailleurs acquièrent des compétences en matière d’IA, notamment en proposant des formations, et certaines applications d’IA sont interdites.
Quel est l’état actuel de la mise en œuvre de ce règlement sur l’IA ? L’enquête d’Acerta Consult révèle que la moitié des travailleurs utilisent désormais une ou plusieurs applications d’IA pour leur travail. 10,2 % le font quotidiennement, 15,1 % hebdomadairement, 10,5 % mensuellement et 12,8 % au moins plusieurs fois par an. Cela dit, sept Belges actifs sur dix estiment qu’il n’existe pas encore suffisamment de directives en matière d’IA sur le lieu de travail. 43,1 % ne savent pas si leur employeur autorise les outils d’IA au travail. La plupart des entreprises sont pourtant favorables à l’utilisation de l’IA : 53,3 % autorisent les outils d’IA à certaines conditions, 34,6 % les autorisent sans restrictions et seulement 12,2 % interdisent tous les outils d’IA.
Maria Ferritto, experte juridique chez Acerta Consult, explique : « Une analyse de données Eurostat a déjà révélé précédemment que la Belgique se situe dans le trio de tête en ce qui concerne l’utilisation de l’IA dans les entreprises. Une communication transparente sur les applications d’IA autorisées et interdites par l’employeur, les conditions qui y sont liées et la personne de confiance à qui s’adresser en cas de questions ou d’incertitudes constituent des axes importants de la politique en matière d’IA au sein de l’organisation. Celle-ci peut revêtir la forme d’une AI Policy pouvant servir de référence à l’employeur et au travailleur. »

Illustration 1 : Utilisation des outils d’IA au travail – Enquête miroir Acerta 2025
1 employeur sur 3 n’a pas encore dispensé de formation à l’IA ou prévu de le faire
Le règlement de l’UE impose aux employeurs de préparer leur personnel à l’évolution de l’IA. La plupart des entreprises s’y attellent : 40,2 % ont proposé des formations à l’IA l’an dernier et 24,1 % prévoient de le faire cette année. Cependant, 35,7 % n’ont pas encore dispensé de formations à l’IA, et ces entreprises n’ont pas non plus l’intention d’organiser de formations sur les outils d’IA.
Maria Ferritto : « Le fait qu’une partie des employeurs ne propose pas encore de formation à l’IA n’est souvent pas dû à de la mauvaise volonté, comme nous le constatons dans la pratique. C’est plutôt une question d’ignorance et d’incertitude : certaines entreprises ne savent pas que c’est obligatoire, d’autres doutent du contenu exact qu’il faut et/ou ont des difficultés à trouver des formations de qualité, accessibles et correspondant à leur secteur. De plus, de nombreuses organisations attendent des directives claires de la part des pouvoirs publics ou des exemples inspirants de pairs pour oser faire le premier pas. Cependant, les formations à l’IA sont nécessaires vu les risques potentiels de l’IA, par exemple en ce qui concerne le partage de données. »

Illustration 2 : Formation à l’IA au travail – Enquête miroir Acerta 2025
La popularité des formations
Si les formations à l’IA ne sont pas encore adoptées dans toutes les entreprises, les travailleurs sont bel et bien avides d’en apprendre davantage sur les différentes applications de l’intelligence artificielle. 26,3 % des travailleurs déclarent qu’au moins une partie (ou la totalité) de leur entreprise a reçu une formation à l’IA l’année dernière. 10,4 % d’entre eux s’attendent encore à recevoir une formation à l’IA cette année. 63,2 % n’ont pas reçu de formation ou n’étaient pas au courant des plans de formation. Cela dit, les formations à l’IA suscitent beaucoup d’enthousiasme parmi les travailleurs : 60 % des travailleurs sont intéressés par des formations sur l’utilisation de l’IA dans leur travail.
Maria Ferritto : « L’enquête révèle que les jeunes ont plus confiance en l’IA que leurs aînés, ce qui est compréhensible étant donné leur familiarité avec la technologie. Toutes les fonctions ne se prêtent pas de la même manière à l’intégration de l’IA, mais il est conseillé d’aborder l’IA de manière proactive au lieu de rester dans l’expectative. Ce point est confirmé par le fait que 60 % des travailleurs se sont dits intéressés par une formation à l’IA au début de cette année. Sur ces 60 %, les jeunes ne sont pas les seuls à vouloir suivre une formation. Les travailleurs plus âgés (55 ans et plus) aussi sont intéressés : près de la moitié (50,4 %) sont intéressés par une formation. Nous ne pouvons que nous en réjouir et il appartient maintenant aux entreprises d’y travailler. Même s’il est logique que les entreprises éprouvent encore des difficultés pour l’instant : la législation n’est pas encore assez claire sur ce que doit comprendre exactement une formation à l’IA. L’IA crée un besoin non seulement de connaissances sur l’IA proprement dite, mais aussi de formations qui renforcent les compétences en matière de pensée critique, d’interaction humaine et de capacité d’adaptation. »
*On entend ici par IA : un système basé sur une machine capable de produire des résultats à partir d’entrées avec un certain degré d’autonomie et de s’ajuster lui-même au fur et à mesure. Cela couvre des systèmes d’IA populaires tels que ChatGPT, Copilot, Deepl, etc., mais aussi des outils d’IA d’entreprise. Le règlement sur l’IA établit une distinction sur la base du niveau de risque du système. Depuis le 2 février, par exemple, il est interdit d’utiliser sur le lieu de travail des systèmes qui déduisent des émotions à partir d’entrées, le niveau de risque étant jugé « inacceptablement élevé ».
À propos des chiffres
Les données sont issues de l’Enquête miroir annuelle qu’Acerta Consult fait réaliser par le bureau d’études Indiville auprès d’un échantillon représentatif composé de plus de 500 employeurs et de 2000 travailleurs. Les données des entreprises ont été pondérées pour être représentatives de la Belgique quant au nombre de travailleurs dans les entreprises actives d’au moins cinq travailleurs. Les données des travailleurs ont également été pondérées afin d’être représentatives de la Belgique en termes de statut, d’âge, de genre et de langue.
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Veuillez contacter Acerta – Sylva De Craecker