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Le secteur des soins de santé attire moins de jeunes diplômés et l’afflux latéral augmente

13 mars 2023

Bruxelles, le 13 mars 2023 – La proportion des moins de 35 ans qui commencent à travailler dans le secteur des soins de santé a nettement diminué l’année dernière. Le fait que ce soit surtout des travailleurs âgés qui commencent à travailler dans le secteur des soins de santé témoigne du succès de l’afflux latéral. Un nombre croissant de personnes passent d’un autre secteur à celui des soins de santé. L’âge moyen des nouveaux collaborateurs dans les soins de santé a fortement augmenté en cinq ans, passant de 37 à 39,5 ans, et ce, notamment en raison de l’afflux latéral. Il convient aussi de souligner que le nombre d’hommes qui trouvent un nouvel emploi dans les soins de santé affiche son niveau le plus haut depuis cinq ans. C’est ce qu’il ressort d’une analyse de l’entreprise de services RH Acerta sur la base des chiffres de 800 établissements de soins. « Les efforts déployés par le secteur des soins de santé et les pouvoirs publics pour attirer des groupes de travailleurs plus diversifiés via l’afflux latéral commencent à porter leurs fruits », selon Acerta.

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La pénurie sur le marché de l’emploi touche les soins de santé plus durement encore que bien d’autres secteurs. Depuis plusieurs années, des milliers d’offres d’emploi n’ont pas trouvé preneur dans le secteur. C’est pourquoi les soins de santé ciblent également l’afflux latéral : des personnes qui sont prêtes à abandonner leur emploi dans un autre secteur pour rejoindre un établissement de soins. Et cela se produit de plus en plus souvent, d’après l’analyse d’Acerta. En termes de pourcentage, les plus de 35 ans sont de plus en plus nombreux à commencer un nouvel emploi dans les soins. Dans les tranches d’âge 36-45 ans et 46-55 ans, le nombre de nouveaux venus a augmenté d’un peu plus de 8 % l’année dernière. Chez les 56-65 ans, il a même bondi de 55,8 %, bien qu’il s’agisse de chiffres absolus nettement inférieurs. Revers de la médaille : le pourcentage de jeunes et de jeunes diplômés qui ont entamé un nouvel emploi dans les soins de santé a reculé l’année dernière de 16,9 % chez les -25 ans et de 5,9 % chez les 26-35 ans.

Les 26-35 ans représentent toujours le groupe le plus important avec 33 % du nombre total de nouveaux venus, suivis des 36-45 ans (23,3 %) et des -25 ans (19,4 %). Ce dernier groupe a enregistré une baisse de près d’un quart au cours des cinq dernières années.

Illustration 1 : rapports entre les tranches d’âge chez les nouveaux venus dans les soins de santé

Illustration 1 : rapports entre les tranches d’âge chez les nouveaux venus dans les soins de santé

L’afflux latéral fait augmenter l’âge moyen des nouveaux entrants dans le secteur des soins de santé

L’une des conséquences de l’augmentation de l’afflux latéral veut que l’âge moyen des nouveaux travailleurs dans les soins grimpe remarquablement vite. En effet, il est passé de 37 à 39,5 ces cinq dernières années. Acerta voit également d’autres explications possibles au vieillissement des nouveaux venus dans le secteur des soins de santé.

Angelo Montesi, Business Development Manager Non-Marchand chez Acerta, explique : « L’allongement de la durée du bachelier pour les infirmiers repousse automatiquement l’âge d’obtention du diplôme. Cette situation peut être renforcée par la tendance selon laquelle plus d’étudiants mettent plus de temps à terminer leur trajet de formation. Mais la cause principale est l’augmentation de la proportion d’afflux latéral, soit des personnes qui sont de facto plus âgées. C’est notamment dû à la crise du coronavirus qui a poussé les gens à réfléchir à la suite de leur carrière, mais il faut aussi en attribuer le mérite aux pouvoirs publics et au secteur des soins de santé à proprement parler. Les autorités ont créé des incitants financiers supplémentaires, dont une rémunération plus attrayante (modèle salarial IFIC, renforcement de la prime de fin d’année dans les secteurs fédéraux des soins de santé, etc.), ainsi que des mesures rendant les soins de santé plus accessibles. Par exemple en permettant de suivre une formation et de commencer à travailler simultanément.Nous nous attendons à l’arrivée d’un plus grand nombre de jeunes diplômés dans les soins de santé dans les années à venir.En effet, les chiffres indiquent que les inscriptions aux formations de soins de santé sont en hausse. »

L’afflux d’hommes à son niveau le plus élevé en cinq ans

L’attention accrue accordée aux emplois dans le secteur des soins de santé est peut-être aussi à l’origine d’une autre évolution remarquable. La part d’hommes qui arrivent dans les soins connaît son plus haut niveau en cinq ans. Fin 2022, 16,5 % des nouveaux venus étaient des hommes, contre 83,5 % de femmes. Cela représente une augmentation de 8,16 % par rapport à 2021.

Illustration 2 : proportion d’hommes et de femmes chez les nouveaux venus dans les soins de santé

Illustration 2 : proportion d’hommes et de femmes chez les nouveaux venus dans les soins de santé

La pénurie sur le marché de l’emploi reste aiguë

Et Angelo Montesi d’ajouter : « Infirmier reste la profession en pénurie numéro 1 en Flandre. Malgré les différents efforts qui portent leurs fruits, la pénurie de main-d’œuvre dans le secteur des soins de santé reste importante. Pourquoi ne pourrions-nous plus encourager des personnes issues de secteurs en perte de vitesse (coiffeurs, vendeurs de magasin...) à passer dans un secteur dont l’importance ne cesse de croître ? Pourquoi ne pas rendre le statut des collaborateurs des soins de santé encore plus attrayant ? Par ailleurs, cela ne doit pas se limiter à l’aspect financier et pratique. Miser sur l’autonomie des travailleurs, sur l’implication et sur le développement des compétences fonctionne également dans d’autres secteurs. Les employeurs qui jouent cette carte peuvent motiver encore plus de personnes à venir travailler dans le secteur des soins de santé. »

Enfin, les chiffres d’Acerta révèlent aussi que la grande majorité des nouveaux venus dans les soins de santé est belge : 95,81 %. Parmi les non-Belges, les Néerlandais et les Français sont les mieux représentés.

À propos des chiffres

Les données recueillies se basent sur les données réelles d’un ensemble de 260 000 travailleurs occupés auprès de plus de 40 000 employeurs du secteur privé auquel appartiennent aussi bien des PME que des grandes entreprises. 

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