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Veerle, thérapeute, à propos du salaire d’indépendant par rapport à celui d’un employé

25 juin 2019 Starters

Thérapeute et coach, la Hasseltoise Veerle Wissels est indépendante à plein temps depuis 2014. Elle n’est cependant pas passée de salariée à freelance sans avoir mûrement réfléchi aux enjeux de cette transition. Son salaire comme indépendante par rapport à celui d’une employée devait notamment rester inchangé. En d’autres termes : Veerle voulait gagner au moins autant que lorsqu’elle était salariée. Nous nous sommes entretenus avec Veerle de son parcours de salariée puis d’indépendante, et de la façon dont elle a fait le grand saut.

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“Sachez ce que vous valez”

Veerle Wissels

  • Née en 1972
  • Mariée et mère de 4 enfants
  • Master en langues et cultures romanes à la KU Leuven 
  • Diplôme en sciences de la relation et de la communication au Centre universitaire du Limbourg
  • A travaillé pendant des années comme professeur au Sint-Jozefinstituut Bokrijk et dans l’enseignement aux adultes
  • S’est lancée en 2007 comme thérapeute indépendante à titre complémentaire, dans le but d’aider les jeunes et les moins jeunes à trouver un nouvel équilibre
  • Décide en 2014 de se consacrer à plein temps à ses activités de thérapeute et de coach.

Veerle, vous avez travaillé dans l’enseignement pendant des années. Aujourd’hui, vous êtes thérapeute indépendante. Comment avez-vous négocié ce virage dans votre carrière ?

Veerle : « En fait, j’ai toujours aimé ça. Quand j’avais dix-huit ans, j’avais follement envie de faire des études de psychologie, mais mon père ne voulait pas en entendre parler. En tant qu’aînée de la famille, je n’étais pas très rebelle, c’était comme ça et puis c’est tout. J’ai finalement choisi d’étudier les langues et cultures romanes, parce que je lisais beaucoup de livres et que j’aimais les langues. 

Au cours de ma carrière dans l’enseignement, j’ai découvert que les personnes à qui j’enseignais m’intéressaient plus que les matières elles-mêmes. Après avoir obtenu mon diplôme universitaire, j’ai suivi un cursus supplémentaire en sciences de la relation et de la communication, mais jusque-là je n’avais pas encore mis cette formation réellement à profit. Et je trouvais que c’était vraiment dommage. C’est ainsi que j’ai décidé de monter ma propre affaire comme thérapeute indépendante à titre complémentaire. Avec mon comptable, nous avons opté pour lentreprise individuelle parce que c’est plus simple d’un point de vue administratif. »

Vous avez donc dû, assez soudainement, rechercher vos propres clients. Comment avez-vous géré cela ?

Veerle : « J’ai commencé avec un simple prospectus que j’ai distribué dans les environs, et sans site web. Je n’avais tout simplement pas de budget pour faire autrement. Peu à peu, j’ai créé mon site, ainsi qu’une page Facebook. Puis la sauce a commencé à prendre et les clients se sont mis à venir vers moi principalement par le bouche-à-oreille. Les résultats de recherche sur Google m’apportent également quelques clients. Même si je sais que les médias sociaux sont incontournables aujourd’hui, je n’ai actuellement pas le temps de m’en occuper, et cela fait d’ailleurs bien longtemps que je n’ai rien posté. Avant, j’étais beaucoup plus active. » (rires)

JVous avez travaillé pendant sept ans en tant qu’indépendante à titre complémentaire. Un choix réfléchi ?

Veerle : « Oui, en effet. Je n’ai jamais envisagé de transition brutale. Mon emploi à temps partiel en tant qu’enseignante m’a permis de ne pas me mettre de pression financière sur les épaules. Je pouvais grandir à mon propre rythme. Mais au bout d’un moment, j’ai remarqué que mon cœur penchait de plus en plus vers mon activité d’indépendante et que la combinaison d’un emploi à temps partiel et d’une activité indépendante à titre complémentaire n’était plus possible. J’ai dû faire un choix. » 

Le passage du statut de salarié à celui d’indépendant est un grand pas en avant pour de nombreuses personnes. Étiez-vous en proie aux doutes ?

Veerle : « Les doutes, c’était surtout les autres qui les insufflaient. J’étais nommée, j’avais accumulé des années d’ancienneté et je me trouvais dans une position de luxe. Pense à ta pension, me disait-on par exemple. Et aux vacances ! C’est vrai qu’en ce qui concerne les vacances, c’était particulièrement facile pour les autres : j’étais toujours disponible. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas ; c’est parfois problématique, mais c’est comme ça. Je me sens bien mieux depuis que je travaille sur une base totalement indépendante et que je n’ai plus de patron. Et c’est la chose la plus importante. »

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Votre salaire en tant qu’indépendante par rapport à celui d’une employée ; cela n’a-t-il pas constitué un obstacle ?

Veerle : « Non, je n’avais pas peur de l’aspect financier. Comme j’avais combiné mon activité complémentaire avec un emploi à temps partiel pendant plusieurs années, j’avais de la marge pour m’épanouir professionnellement et financièrement. Lorsque j’ai décidé de passer du statut de salariée à celui d’indépendante en 2014, j’avais déjà 42 ans et mon mari occupait - et occupe toujours - un emploi bien payé. Si je n’avais pas de clients pendant les six premiers mois, nous n’aurions pas coulé - c’est ce que j’avais calculé à l’avance. Bien sûr, ce n’était pas le but. Au bout six mois, je voulais atteindre le niveau de rémunération dont je bénéficiais dans l’enseignement. Et j’ai réussi ! »

Aviez-vous d’emblée une idée claire de votre rémunération réelle d’indépendante ?

Veerle : « Le salaire de l’indépendant par rapport à celui de l’employé, c’est bien sûr très différent. L’employé reçoit à chaque fin de mois un salaire fixe sur son compte bancaire. Comme indépendant, vos revenus fluctuent et vous avez la responsabilité de payer beaucoup de choses, notamment les cotisations sociales

Pas question d’empocher la totalité de vos revenus. Dès le début, mon comptable m’avait dit clairement que je devrais verser un peu moins de la moitié en impôts. Donc, non seulement vous constituez votre salaire sur la base de revenus fluctuants, mais vous avez aussi régulièrement des dépenses importantes, au rang desquelles vos cotisations de sécurité sociale, la PLCI (pension complémentaire libre pour les indépendants), une assurance revenu garanti et vos impôts. Au début, c’était une source de préoccupation ; cela inquiétait beaucoup mon mari, d’ailleurs. Comme j’ai une entreprise unipersonnelle, je laissais mes revenus aboutir dans le compte commun, ce qui ne me permettait pas d’avoir une idée claire de ma situation financière. Nous ne savions plus combien nous pouvions réellement dépenser. Désormais, j’ai un compte professionnel distinct avec lequel je paie tout ce qui a trait à mon entreprise. Et, à partir de ce compte, je me paie un salaire mensuel que je verse sur le compte du couple. »

Avez-vous fait vous-même la projection de votre salaire d’employée sur celui d’indépendante ?

Veerle : « J’ai calculé mon salaire d’indépendante par rapport à celui d’un employé en partie moi-même et en partie avec le comptable. Si je voulais garder le même salaire, je devais facturer au moins deux fois plus parce qu’un peu moins de la moitié va aux impôts. Mais bien sûr, comme indépendant, vous engagez également des frais professionnelsque vous n’avez pas en tant que salarié. Notamment pour la création et la maintenance du site web, pour la comptabilité, etc. Et j’en ai tenu compte dès le début, donc je savais combien je devais facturer chaque mois au minimum. 

Mon comptable m’a également expliqué qu’il est tout à fait normal qu’un indépendant exerçant son activité à titre principal ne réalise pas toujours de bénéfice lors de la première année. Efforcez-vous surtout de ne pas devoir essuyer de pertes, m’indiquait-il.

Bien sûr, je me suis également informée des tarifs pratiqués par les autres thérapeutes et coaches dans la région de Hasselt. Sur la base de tout cela, j’ai calculé mon tarif horaire et les prix de mes sessions collectives. Il est important que vous soyez très conscient de ce que vous valez. Ne doutez pas de vos tarifs : les gens le sentent dans votre communication et craignent que vous ne soyez pas sûr(e) de vous. »

Vous avez parlé tout à l’heure des cotisations de sécurité sociale. Dans quelle mesure étiez-vous informée du statut social de l’indépendant lorsque vous avez lancé votre entreprise ?

Veerle : « Mon comptable m’a présenté une comparaison des statuts sociaux de l’indépendant et du salarié. Il m’a également expliqué que les indépendants sont tenus de s’affilier à une caisse d’assurance sociale. Mon comptable est un partenaire d’Acerta, le choix d’Acerta était donc facile et n’offrait que des avantages. Je bénéficie d’un service complet où mon comptable a accès à mes données et à mon dossier chez Acerta. Du coup, il peut encore mieux m’encadrer. En fait, il s’occupe de tout et il ne me reste plus qu'à payer mes cotisations de sécurité sociale à temps. 

Et c’est génial, parce que je ne suis pas très calée en administration. Tous les trois mois, je regroupe les reçus de mes consultations et mes frais, et je les transmets à mon comptable. Je préfère me concentrer sur les aspects créatifs, le développement de ma pratique et ma famille bien sûr. Il y a tant à faire dans une vie. Je suis très satisfaite que mon comptable et Acerta prennent en charge certaines choses pour moi. » 

Y a-t-il d’autres personnes que votre comptable qui vous ont accompagnée dans votre transition d’employée à indépendante ?

Veerle : « Non, pas vraiment. De nos jours, vous trouvez sur Internet beaucoup d’informations sur les indépendants et tout ce qui va de pair avec une activité indépendante. J’ai moi-même effectué beaucoup de recherches et j’ai intégré bon nombre de conseils, mais je n’ai pas sollicité les services d’un coach ou d’une organisation. Surtout, beaucoup de bon sens et un calcul réaliste de tous les coûts. » (rires)

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Un emploi salarié profite de nombreux avantages. En avez-vous tenu compte dans le calcul de votre salaire d’indépendante, sachant ce dont vous bénéficiiez comme employée ?

Veerle : « Le système de rémunération dans l’enseignement n’est pas comparable à ce qui prévaut dans le secteur privé. Notamment, vous avez moins d’avantages en nature. Les titres-repas, l’assurance collective... Je n’avais rien de cela. En outre, j’ai d’abord travaillé à 4/5, puis à 3/5 ; par conséquent, j’ignorais ce qu’une personne de mon âge gagne à temps plein dans l’enseignement. Je ne peux donc pas vraiment faire de comparaison, mais je suis satisfaite de mon salaire actuel d’indépendante. »

Dans l’enseignement, on croise beaucoup de gens. Aujourd’hui, vous travaillez seule chez vous. Les collègues ne vous manquent pas ?

Veerle : « Non, parce que je continue de voir beaucoup de monde. La relation est juste différente. De plus, je suis désormais maître de mon temps et je peux mieux planifier mon temps libre avec mes amis et ma famille. Je n’ai plus à suivre un horaire qui m’est imposé par quelqu’un d’autre, et cela constitue l’un des plus grands avantages de l’activité professionnelle indépendante.

Vos journées doivent être très différentes maintenant, non ?

Veerle : « Oui ! Avant, j’avais l’habitude d’avoir congé le mercredi après-midi. Aujourd’hui, c’est l’une des plages les plus chargées professionnellement dans la mesure où je reçois surtout des enfants. Mes propres enfants y sont habitués maintenant, mais il a fallu du temps... Désormais, je réserve du temps pour mes enfants toutes les fins de journées entre 17 heures et 20 heures. Après cela, je me remets au travail. Pendant les week-ends, il m’arrive de travailler les samedis et dimanches en matinées, quand les enfants dorment encore ou font leurs devoirs. Mais les après-midis, je les réserve toujours à mes amis, à ma famille et à moi-même. Cela ne me dérange pas de travailler pendant le week-end ou un jour férié parce que je tire beaucoup de satisfaction de ce que je fais. Et parce que je travaille à la maison, je ne suis jamais coincée dans les embouteillages, n’est-ce pas merveilleux ? Après tout, c’est autant de temps gagné le matin et le soir ! »

Quels sont les défis d’un(e) indépendant(e) débutant(e) ?

Veerle : « Ce que je trouve particulièrement difficile, c’est le risque de s’emballer et de perdre son équilibre. Dans un emploi salarié, vous subissez une routine mais vous savez combien de temps et d’énergie vous devez consacrer à vos tâches. Comme j’aime beaucoup mon travail de thérapeute et de coach, je dois veiller à ne pas me laisser submerger par mon enthousiasme. Par exemple, j’organise des projets de trajets en groupe et j’ai récemment commencé trois sessions de ce type parallèlement, ce qui demande beaucoup d’énergie. Mais j’en tire moi-même des enseignements. 

Mes journées étant particulièrement chargées, je n’ai pas beaucoup de temps à consacrer au développement de mon activité. Par exemple, j’aimerais apporter certains changements sur des thèmes spécifiques et élaborer un nouveau projet de trajet, mais je remets constamment à plus tard parce que mes clients sont prioritaires. Je devrais peut-être trouver un coach d’affaires ! Quelqu’un qui m’oblige à consacrer du temps à ma propre entreprise afin que je puisse la développer de manière ciblée. »

Indépendante ou salariée : repasseriez-vous un jour du statut d’indépendante à celui de salariée ?

Veerle : « Il ne faut jamais dire jamais, mais je ne pense pas. Je mène ma propre activité complètement et à ma façon. Bien sûr, je prends en compte les commentaires des clients, mais la liberté d’organiser mes propres journées et de travailler selon ma vision est très précieuse pour moi. En outre, j’en vis très bien, tant et si bien que j’ai l’intention de passer dans un avenir proche d’une entreprise unipersonnelle à une société et je pense aussi à des partenariats avec d’autres thérapeutes et coachs. Alors pourquoi devrais-je faire marche arrière ? »

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